lundi 24 décembre 2007

Défaire la figure. La défiguration.

LA DEFIGURATION La défiguration peut se définir comme un mouvement de déstabilisation qui affecte la figure. De cette manière, le thème de la défiguration s’impose comme mise en question inlassable et profonde des formes de la vérité et du sens jusqu’à interroger, d’une part, la capacité que nous avons de nous faire une représentation des choses, et, d’autre part, les limites mêmes de cette représentation. Défigurer, c’est défaire une figure, que ce soit en intervenant sur sa forme, sa disposition, son harmonie éventuelle ou sur l’ordre interne qui la régit. De ce point de vue, la défiguration correspond aussi à une déformation puisque la figure s’ordonne selon une forme particulière. Mais la déformation n’est pas une transformation : dans le cas de la défiguration, la forme défaite de l’image demeure déconstruite ou « décrée », pour reprendre ce mot à Beckett. En aucun cas, elle ne devient une nouvelle figure identifiée ou identifiable. Ainsi, la défiguration n’est que la forme cassée, dégénérée – car défaite - d’une image. En aucun cas elle ne permet de générer la nécessaire unité d’un tout sans laquelle il ne peut devenir signifiant. En ce sens, la défiguration est à comprendre comme un mouvement qui brise à la fois l’unité jadis formée par une image mais qui en déconstruit aussi le sens ou risque de le voir se perdre définitivement. L’unité et la totalité explosées par l’acte de la défiguration font donc de l’image, la représentation d’un tout démonté et incohérent. Cette unité et cette cohérence étant perdues, l’acte de défiguration aboutit donc au désordre et à une perte du sens initial. Ainsi, à la différence de la transformation qui marque une rupture entre un ordre ancien et un ordre nouveau, la défiguration se définit par contraste comme le mouvement conduisant de l’ordre ou désordre, du cosmos au chaos. Toute la question est de savoir ce qu’il advient de la vérité et du sens lorsque l’on passe de la figure à figure défaite, de la cohérence du tout à son éclatement. Autrement dit, puisque la défiguration se définit le bouleversement de l’ordre d’une figure, la question de fond qui se posera sera de savoir ce qui est bouleversé par le défiguré dans la figure et ce que la défiguration conserve du sens et de la vérité de la figure première. En effet, si l’image d’une figure véhicule ou porte un sens et une vérité, qu’en est-il de la défigure ? Est-ce la négation totale de l’essence de la figure ? Est-ce un dépassement de la figure, une résistance à l’image ? Ou bien la défiguration n’est-elle qu’un acte « monstrueux » et absurde ? Pour qu’il y ait défiguration, il faut préalablement qu’il y ait figure puisque c’est sur la figure et à partir de celle-ci que se met en mouvement le processus de défiguration. La figure, antérieure au défiguré, est une représentation ordonnée et structurée qui possède son identité propre. C’est le cas des figures géométriques qui se structurent selon certains principes et règles propres à chacune et permettant de les différencier. En réalité, la figure se distingue des autres en fonction de certains critères identitaires que l’on reconnaît en elle et qui valent comme principes. Ainsi, se représenter une figure s’est donc être capable de reconstruire un donné objectif en fonction de règles bien précises. La particularité d’une figure défaite, c’est qu’on ne se la représente pas. Elle n’est la forme d’aucune idée abstraite et l’imagination est réfractaire à son re-souvenir car la figure défaite est dès lors hors du concept dont l’imagination se saisit habituellement pour se la représenter dans son re-souvenir. Par exemple, pour me représenter une table, mon imagination fera appelle aux expériences de tables auxquelles auront été confrontés mes sens. La synthèse de ces expériences sensitives et mémorielles passées se traduira dans mon esprit par une image générique contenant les critères essentiels à une table. Or c’est à cette image générique et globale que j’attacherai le concept de table. Dès lors, le concept de table et la simple évocation de ce mot par le langage ne manqueront pas de faire surgir en moi la même idée générique de cette table, c'est-à-dire que ce sera la même image synthétique que je placerai indéfectiblement sous le concept de table. En effet, par les critères qui sont ceux d’une table, je peux mentalement en déduire une figure qui présidera au « genre table » sans se soucier de toutes les tables spécifiques et particulières qui se subdivisent sous ce genre. Je ferai de ma représentation imagée de la table une généralité. On se rend alors compte, que je ne me représente la figure d’une chose qu’en fonction de certaines règles propres à cette chose et que l’idée de la table en fonction de ces critères précède la constitution de l’image de la table. Je ne pense la figure de la table qu’en fonction des caractères propres de la table et sans cette figure je ne me puis me représenter aucune image de la chose. Ainsi, le concept régit par la figure s’inscrit-t-il dans la durée par la récurrence d’une même représentation chaque fois que je penserai au concept « table ». Mon idée/image de la table est constituée pour me représenter chaque fois l’image adéquate et générique d’une table. Ceci nous amène à considérer une première différence entre la simple figure et la figure défaite produite dans l’acte de défiguration. Si la figure n’est que la retranscription de critères universels et intemporels d’une chose, ou autrement dit l’image ordonnée et produite selon des règles, la défiguration semble bien plus revêtir un caractère accidentel et évènementiel. De cette manière, la défiguration serait à classer sous le registre de la contingence, voire de l’imprévisible. Alors que la figure d’un objet correspond ordinairement à l’essence même de cet objet, la défiguration affecte la figure par l’extérieur en lui portant atteinte. C'est-à-dire que la défiguration porte atteinte à la figure en la démantelant, en la défaisant. Mais, qu’est-ce qui est démantelé ? Qu’a-t-on défait qui fasse passer de la figure à la non-figure ? Quelle est la valeur de cette négativité ? En premier lieu, ce qui se trouve défait par la défiguration semble être ce lien unificateur qui faisait de la figure une pluralité tenue dans un tout, dans un ensemble structuré. De fait, l’image produite par la défiguration n’est plus l’image de ce tout, de cette cohérence. Plus encore, elle n’est même plus l’image d’une forme. Autrement dit, l’image du défiguré devient image de l’informel. Elle n’est dès lors plus que matière, instance non rationnelle, non encore transformée en langage qui se fait contenu intérieur, qui parallèlement n’est pas encore, car incapable d’être disposé selon des structures logiques ou discursives. La défiguration s’oriente donc vers une abolition de la forme et du substrat figuratif que le langage permet de nommer. Ou bien, si forme il y a, devons-nous préciser qu’elle tend à se « déconceptualiser ». La défiguration en effet tend à disperser la forme figurée au-delà de du discours, au-delà des concepts et parfois bien au-delà des structures logiques sur lesquelles nous appuyons nos représentations habituelles. Nous trouvons de nombreux exemples de cette opération de défiguration chez les protagonistes de ce qu’il est convenu d’appeler l’ « art informel ». S’acharnant sur la structure logique et discursive qui soutient habituellement l’image figurative, ils recréent l’image au-delà de la forme. Certains le font dans une négation totale de cette forme figurative et l’on parlera alors d’art abstrait ou minimaliste. D’autres, dont Francis Bacon, pratiquent l’art de la défiguration. Les visages sont tordus, déformés parfois pris avec la violence de plusieurs points de vus différents mais simultanés. L’unité qui fonde l’art figuratif est profondément remise en question car les visages humains de Bacon nous offre la pluralité intenable d’une « géométrie de la peur, des angoisses et du défi ». Mais défaisant la figure de l’homme ce n’est pas l’homme que Bacon défait. Simplement son image, le modèle de faux-semblant qu’il offre. En effet, par la défiguration, c’est « la trace même de l’existence humaine » que Bacon prétend révéler. En définitive, il suggère l’essence véritable de l’homme là où l’image n’offre qu’une figure et qu’un concept. C’est en tout cas ce qui résulte du geste de défiguration qu’il accomplit sur ses toiles. Ainsi, l’exemple de Bacon soulève l’hypothèse selon laquelle la défiguration permet l’ouverture de la figure à la propre essence qu’elle contient, l’ouverture d’une forme défaite sur la vérité du fond. De ce point de vue, il paraît clair que l’on ne peut priver la « défigure » d’un statut ontologique. Par rapport à la figure, elle ne se situe pas dans le même rapport dialectique qui lie l’être au non-être. La « défigure » n’est pas négativité pur et simple de la figure car pour les deux subsiste une fonction de représentation et de représenté (même s’il est abstrait) qui les ramène l’un et l’autre à leur statut d’image. Aussi, la figure défaite est-elle moins la négation de la figure qu’une limite posée à la figure. Pour Bacon, elle est un autre mode de représentation de l’être tout aussi légitime en peinture que la figuration. Elle est susceptible de voir se recréer un ordre autour d’elle et de faire à nouveau sens dans une unité ou configuration certes différente de celle proposée initialement proposée par la figure « figurante ». « Je veux que mon image soit très ordonnée, mais que ce soit à la faveur d’un hasard » disait Bacon. L’image démembrée pour l’œil retrouverait sa cohérence dans une sphère qui échappe à l’homme où le peintre n’est voué qu’à être le suppôt d’un geste spontané dont il ne perce d’abord ni le sens ni le motif. La défiguration s’avère donc une re-figuration au sens où elle recrée une figure. Mais la particularité de cette re-figuration est paradoxalement qu’elle ne représente pas. Car ce qu’elle présente à la conscience, elle le présente sous le mode de l’accidentel, de l’arbitraire et du contingent. C'est-à-dire qu’elle le présente sous la forme de l’événement et, en ce sens, elle ne peut que le présenter pour la première fois. Une figure défaite ne l’est en effet qu’une seule fois pour l’œil comme une surprise ne surprend qu’au moment où elle est vécue. Une image défaite ne porte qu’une fois pour l’œil le geste de sa défiguration, c'est-à-dire au moment même où toute reconnaissance est par-là même empêchée. Si l’image défaite se représente à l’œil, il la considérera comme un tout, intégrant à son être le fait même de sa défiguration. Par la représentation, l’image cessera de lui signifier un avant et un après mais tendra progressivement à s’identifier s’assimiler à sa modification, à la cause de ce qui l’affecte. Le défiguré re-présenté est déjà une figure. Ainsi la défiguration ne serait-elle pas une renonciation ontologique à l’image et son figuré mais un mode de production différent du figuré sous une autre forme. Pour autant, cette reconstruction fondamentale du sens qu’opère la défiguration, si elle revêt une certaine positivité dans l’art, se confond souvent avec la trahison, le scandale de la trahison. En effet, la défiguration ne précipite pas la figure d’une image dans le néant. C'est-à-dire que dans la forme, elle n’est pas pure négativité de l’image car un substrat visible demeure pour l’œil (même l’affreux ou le monstrueux se regarde). Cependant, la défiguration creuse l’imperfection de la figure considérée du point de vue de son modèle, et, de fait, la trahit. Cela tient au fait que la défiguration n’a pas vocation à être mimétique alors que cette mimesis constitue la visée même de l’image figurative. Avec la défiguration, il n’y a pas de préexistence réelle ou ontologique de l’image défigurée, seule préexistent le modèle dans son concept que celui-ci soit instruit par l’idée ou la réalité. C’est ainsi que pour l’homme le défiguré est traduit par son image et la trahison flagrante qu’elle opère quant à son modèle. A titre d’exemple, la théologie augustinienne nous fait voir en quoi la défiguration, en tant que trahison de l’image originelle, se lie au scandale du péché. Dans la Genèse grecque des Septante, il est écrit que Dieu à crée l’homme à son icône (eikon = image en grec). Bien évidemment, l'icône ne désigne ici en rien une quelconque ressemblance d'aspect - comment l'homme visible ressemblerait-il à un « aspect invisible » ? - mais plutôt la relation de procession et d'humilité entre le créé et son créateur. Du coup, pourquoi cette ressemblance du créé avec le créateur a-t-elle été « flétrie, brisée, obscurcie », comme le disent, depuis saint Augustin, tous les théologiens ? Parce que l'incitation diabolique au péché touchait l'anthropologie même de l'image : elle ne fut rien d'autre qu'une incitation à la « ressemblance d'égalité », de telle sorte que le créé voulut, follement, croire égaler son créateur ; elle fut donc une ressemblance de rivalité, une pratique perverse de l'imitation - une pratique idolâtre de la ressemblance. De là à ce que l’image imparfaite n’en vienne à trahir le modèle créateur, il n’y a qu’un pas. Ce détour par la théologie augustinienne nous permet de comprendre que l’image défigurée est susceptible de se placer dans une relation de concurrence avec son modèle et que cette concurrence se traduit souvent par la trahison de la figure par la défigure. Plus généralement, on constate que la défiguration d’un corps ou d’un visage donne souvent à celui qui en souffre l’impression d’être trahi par une apparence dans laquelle il ne se reconnaît plus. La plupart du temps, on s’aperçoit que la défiguration est tout simplement ressentie comme la perte irréversible de la reconnaissance par laquelle se forme et se construit l’identité. C’est ainsi que, devenu méconnaissable (mais pas inconnu), on entend un défiguré de guerre dire à propos de visage : « Ce n’est pas mon visage, mon vrai visage est perdu. » La perte des traits caractéristiques d’un visage est vécue comme la perte irréversible d’un membre ou d’un organe. De ce point de vue, la défiguration à quelque chose à voir avec l’amputation : la personne, à travers l’état de son corps, se trouve d’un coup privée d’une fonction. Si la jambe permettait de marcher ou la main de saisir, c’était bien la reconnaissance de la personne que permettait le visage. Et d’un coup, le visage se trouve dans l’incapacité de retrouver cette fonction car défiguré, son expression s’est désolidarisée de la personne pour ne devenir qu’une figure défaite et absurde. En outre, de même que l’amputation, la défiguration s’inscrit dans un processus de dénaturalisation. Jean Damascène, dans Le Visage de l’invisible, nous rappelle que l’homme doit exister selon sa nature puis dans une relation d’imitation avec cette nature. Or, encore une fois, la défiguration s’effectue en dépit de la nature ou de l’ordre naturel et rend à jamais impossible la relation mimétique qui unirait, pour les mieux les identifier, le sujet à son modèle. En cela, la défiguration est une rupture radicale entre l’idée et la chose, le représenté et le représentant. La « défigure » - ou la figure défaite – corrompt la nature, affecte la cohérence d’un tout, brise l’unité de la figure. Dans la relation qui unissait la figure à son modèle, l’acte de défiguration apparaît comme un acte de trahison puisqu’il défait l’image de son sens et ruine le témoignage d’une essence qu’elle était censée apporter. Cela est juste si l’on considère l’image ou la figure d’une image comme nécessairement vraie et juste. L’image vraie et juste transmet une vérité et un savoir, mais l’image fausse et injuste ne transmet que le mensonge et le travestissement de la réalité. Aussi, si défigurer l’image de la vérité et du juste ouvre la voie de l’amoralité au « défigurant », quid de la défiguration d’une image faussée et mensongère ? Tromper de manière patente une tromperie latente, n’est-ce pas rétablir, en un sens, a figure du juste ? Essayons désormais de voir en quelles circonstances la défiguration peut-elle se justifier comme résistance à l’image. L’image, tout comme la figure qui structure cette image, n’est pas nécessairement l’image de la vérité. En réalité, elle est bien moins apte à représenter la vérité qu’à montrer le réel. Cela vient du fait que le réel lui-même n’est pas image de la vérité. En effet, le réel n’est souvent que l’intrication de jeux de faux-semblants composés d’images de l’irréalité. Autrement dit, dans la plupart des cas, le réel est déjà image du défiguré car le lien entre l’être et l’apparaître est déjà distendu, voire rompu. Dans le meilleur des cas, l’image est image de l’être. Sa figure est pure et communique d’elle-même une vérité profonde. Vient ensuite le cas ou l’image cherche à représenter l’être sans le pouvoir. C’est le cas lorsqu’on cherche à représenter Dieu, conçu comme deus absconditus. Ici, l’apparaître peut se mettre au service de l’être en tant qu’unique voie d’accès susceptible d’élever vers lui. La fonction de l’apparaître est ici positive car l’apparaître vaut comme infusion de l’être idéel dans le réel. Un autre cas est celui où l’image ne prétend pas représenter l’être mais choisit délibérément de représenter un non-être irréel. Cette image n’est ni vraie ni fausse puisque purement imaginative et, en cela autonome et assumée comme telle. Enfin, vient le cas où l’image de l’apparaître prétend se substituer à l’être lui-même. Sous ce type d’images se retrouvent les apparences trompeuses, les faux-semblants et le mensonge. Car cette image, bien qu’elle puisse correspondre à un état de fait réel, ne montre pas la vérité et surtout n’est pas utilisée à cette fin. C’est le cas des images de propagandes, de la publicité de masse, de la télévision… Bref, c’est le cas de tout vecteur potentiel d’opinions. Le réel est donc plein de la violence de ces images négatives et on aurait tort de n’imputer cette dernière qu’à l’acte même de la défiguration puisque le réel est déjà une altération par rapport à l’idée même de ce réel. Ce que suggère nombre d’écriture modernes, c’est que la défiguration est aussi une force de création qui bouleverse les formes stratifiées du sens et les réanime. En ce sens, la défiguration est une pratique de l’étonnement. Elle défait les figures convenues de ce qui est autre et interroge cet autre, l’invente à nouveau et le réinvente à l’infini. D’une certaine manière, la défiguration peut se penser comme un acte libre de dé-création mais aussi de création en ce qu’il permet à une figure de ne pas se conformer à un modèle. Ainsi, la défiguration offre-t-elle la possibilité de rompre le rapport narcissique que nous entretenons avec nous-mêmes et qui nous contraint à être conforme à l’image irréelle que nous nous faisons de nous et que nous recherchons continuellement dans le regard de l’autre. De ce point de vue, la défiguration est une figure libre, à la fois ouverte sur autrui et notre être profond. C’est la conséquence logique à cette déconstruction du narcissisme qu’elle opère. Il est indéniable qu’un trait saillant de nos sociétés contemporaines est de produire et maintenir une « normopathie » sociale, psychique et intellectuelle (l’expression est de Samuel Beckett). Dans une société démocratique comme la notre, l’image est grégaire par vocation. Dans bien des cas c’est sur elle que repose les conditions du vivre-ensemble et c’est autour d’elle que son construit l’apparence d’un vivre-ensemble. L’image privilégie les effets de groupe, de ressemblance (être comme l’autre), de conformisme. L’image vaut plus que jamais comme figure de l’appartenance, comme référent identitaire. Ainsi, dans cette « normopathie » contemporaine, ce cache-misère d’une inavouable dépression, face à ce narcissisme grégaire socialement gratifié où chacun se reconnaît dans le regard admiratif qu’un autre semblable lui jette pour qu’il le lui renvoie, la défiguration s’impose comme un acte de subversion face au leurre d’une société qui revendique la forme coagulée de ces figures et de son lien. De fait, la défiguration doit se comprendre comme la possibilité d’inventer des formes vivantes de résistance à l’image, comme la possibilité de se déprendre de LA DEFIGURATION La défiguration peut se définir comme un mouvement de déstabilisation qui affecte la figure. De cette manière, le thème de la défiguration s’impose comme mise en question inlassable et profonde des formes de la vérité et du sens jusqu’à interroger, d’une part, la capacité que nous avons de nous faire une représentation des choses, et, d’autre part, les limites mêmes de cette représentation. Défigurer, c’est défaire une figure, que ce soit en intervenant sur sa forme, sa disposition, son harmonie éventuelle ou sur l’ordre interne qui la régit. De ce point de vue, la défiguration correspond aussi à une déformation puisque la figure s’ordonne selon une forme particulière. Mais la déformation n’est pas une transformation : dans le cas de la défiguration, la forme défaite de l’image demeure déconstruite ou « décrée », pour reprendre ce mot à Beckett. En aucun cas, elle ne devient une nouvelle figure identifiée ou identifiable. Ainsi, la défiguration n’est que la forme cassée, dégénérée – car défaite - d’une image. En aucun cas elle ne permet de générer la nécessaire unité d’un tout sans laquelle il ne peut devenir signifiant. En ce sens, la défiguration est à comprendre comme un mouvement qui brise à la fois l’unité jadis formée par une image mais qui en déconstruit aussi le sens ou risque de le voir se perdre définitivement. L’unité et la totalité explosées par l’acte de la défiguration font donc de l’image, la représentation d’un tout démonté et incohérent. Cette unité et cette cohérence étant perdues, l’acte de défiguration aboutit donc au désordre et à une perte du sens initial. Ainsi, à la différence de la transformation qui marque une rupture entre un ordre ancien et un ordre nouveau, la défiguration se définit par contraste comme le mouvement conduisant de l’ordre ou désordre, du cosmos au chaos. Toute la question est de savoir ce qu’il advient de la vérité et du sens lorsque l’on passe de la figure à figure défaite, de la cohérence du tout à son éclatement. Autrement dit, puisque la défiguration se définit le bouleversement de l’ordre d’une figure, la question de fond qui se posera sera de savoir ce qui est bouleversé par le défiguré dans la figure et ce que la défiguration conserve du sens et de la vérité de la figure première. En effet, si l’image d’une figure véhicule ou porte un sens et une vérité, qu’en est-il de la défigure ? Est-ce la négation totale de l’essence de la figure ? Est-ce un dépassement de la figure, une résistance à l’image ? Ou bien la défiguration n’est-elle qu’un acte « monstrueux » et absurde ? Pour qu’il y ait défiguration, il faut préalablement qu’il y ait figure puisque c’est sur la figure et à partir de celle-ci que se met en mouvement le processus de défiguration. La figure, antérieure au défiguré, est une représentation ordonnée et structurée qui possède son identité propre. C’est le cas des figures géométriques qui se structurent selon certains principes et règles propres à chacune et permettant de les différencier. En réalité, la figure se distingue des autres en fonction de certains critères identitaires que l’on reconnaît en elle et qui valent comme principes. Ainsi, se représenter une figure s’est donc être capable de reconstruire un donné objectif en fonction de règles bien précises. La particularité d’une figure défaite, c’est qu’on ne se la représente pas. Elle n’est la forme d’aucune idée abstraite et l’imagination est réfractaire à son re-souvenir car la figure défaite est dès lors hors du concept dont l’imagination se saisit habituellement pour se la représenter dans son re-souvenir. Par exemple, pour me représenter une table, mon imagination fera appelle aux expériences de tables auxquelles auront été confrontés mes sens. La synthèse de ces expériences sensitives et mémorielles passées se traduira dans mon esprit par une image générique contenant les critères essentiels à une table. Or c’est à cette image générique et globale que j’attacherai le concept de table. Dès lors, le concept de table et la simple évocation de ce mot par le langage ne manqueront pas de faire surgir en moi la même idée générique de cette table, c'est-à-dire que ce sera la même image synthétique que je placerai indéfectiblement sous le concept de table. En effet, par les critères qui sont ceux d’une table, je peux mentalement en déduire une figure qui présidera au « genre table » sans se soucier de toutes les tables spécifiques et particulières qui se subdivisent sous ce genre. Je ferai de ma représentation imagée de la table une généralité. On se rend alors compte, que je ne me représente la figure d’une chose qu’en fonction de certaines règles propres à cette chose et que l’idée de la table en fonction de ces critères précède la constitution de l’image de la table. Je ne pense la figure de la table qu’en fonction des caractères propres de la table et sans cette figure je ne me puis me représenter aucune image de la chose. Ainsi, le concept régit par la figure s’inscrit-t-il dans la durée par la récurrence d’une même représentation chaque fois que je penserai au concept « table ». Mon idée/image de la table est constituée pour me représenter chaque fois l’image adéquate et générique d’une table. Ceci nous amène à considérer une première différence entre la simple figure et la figure défaite produite dans l’acte de défiguration. Si la figure n’est que la retranscription de critères universels et intemporels d’une chose, ou autrement dit l’image ordonnée et produite selon des règles, la défiguration semble bien plus revêtir un caractère accidentel et évènementiel. De cette manière, la défiguration serait à classer sous le registre de la contingence, voire de l’imprévisible. Alors que la figure d’un objet correspond ordinairement à l’essence même de cet objet, la défiguration affecte la figure par l’extérieur en lui portant atteinte. C'est-à-dire que la défiguration porte atteinte à la figure en la démantelant, en la défaisant. Mais, qu’est-ce qui est démantelé ? Qu’a-t-on défait qui fasse passer de la figure à la non-figure ? Quelle est la valeur de cette négativité ? En premier lieu, ce qui se trouve défait par la défiguration semble être ce lien unificateur qui faisait de la figure une pluralité tenue dans un tout, dans un ensemble structuré. De fait, l’image produite par la défiguration n’est plus l’image de ce tout, de cette cohérence. Plus encore, elle n’est même plus l’image d’une forme. Autrement dit, l’image du défiguré devient image de l’informel. Elle n’est dès lors plus que matière, instance non rationnelle, non encore transformée en langage qui se fait contenu intérieur, qui parallèlement n’est pas encore, car incapable d’être disposé selon des structures logiques ou discursives. La défiguration s’oriente donc vers une abolition de la forme et du substrat figuratif que le langage permet de nommer. Ou bien, si forme il y a, devons-nous préciser qu’elle tend à se « déconceptualiser ». La défiguration en effet tend à disperser la forme figurée au-delà de du discours, au-delà des concepts et parfois bien au-delà des structures logiques sur lesquelles nous appuyons nos représentations habituelles. Nous trouvons de nombreux exemples de cette opération de défiguration chez les protagonistes de ce qu’il est convenu d’appeler l’ « art informel ». S’acharnant sur la structure logique et discursive qui soutient habituellement l’image figurative, ils recréent l’image au-delà de la forme. Certains le font dans une négation totale de cette forme figurative et l’on parlera alors d’art abstrait ou minimaliste. D’autres, dont Francis Bacon, pratiquent l’art de la défiguration. Les visages sont tordus, déformés parfois pris avec la violence de plusieurs points de vus différents mais simultanés. L’unité qui fonde l’art figuratif est profondément remise en question car les visages humains de Bacon nous offre la pluralité intenable d’une « géométrie de la peur, des angoisses et du défi ». Mais défaisant la figure de l’homme ce n’est pas l’homme que Bacon défait. Simplement son image, le modèle de faux-semblant qu’il offre. En effet, par la défiguration, c’est « la trace même de l’existence humaine » que Bacon prétend révéler. En définitive, il suggère l’essence véritable de l’homme là où l’image n’offre qu’une figure et qu’un concept. C’est en tout cas ce qui résulte du geste de défiguration qu’il accomplit sur ses toiles. Ainsi, l’exemple de Bacon soulève l’hypothèse selon laquelle la défiguration permet l’ouverture de la figure à la propre essence qu’elle contient, l’ouverture d’une forme défaite sur la vérité du fond. De ce point de vue, il paraît clair que l’on ne peut priver la « défigure » d’un statut ontologique. Par rapport à la figure, elle ne se situe pas dans le même rapport dialectique qui lie l’être au non-être. La « défigure » n’est pas négativité pur et simple de la figure car pour les deux subsiste une fonction de représentation et de représenté (même s’il est abstrait) qui les ramène l’un et l’autre à leur statut d’image. Aussi, la figure défaite est-elle moins la négation de la figure qu’une limite posée à la figure. Pour Bacon, elle est un autre mode de représentation de l’être tout aussi légitime en peinture que la figuration. Elle est susceptible de voir se recréer un ordre autour d’elle et de faire à nouveau sens dans une unité ou configuration certes différente de celle proposée initialement proposée par la figure « figurante ». « Je veux que mon image soit très ordonnée, mais que ce soit à la faveur d’un hasard » disait Bacon. L’image démembrée pour l’œil retrouverait sa cohérence dans une sphère qui échappe à l’homme où le peintre n’est voué qu’à être le suppôt d’un geste spontané dont il ne perce d’abord ni le sens ni le motif. La défiguration s’avère donc une re-figuration au sens où elle recrée une figure. Mais la particularité de cette re-figuration est paradoxalement qu’elle ne représente pas. Car ce qu’elle présente à la conscience, elle le présente sous le mode de l’accidentel, de l’arbitraire et du contingent. C'est-à-dire qu’elle le présente sous la forme de l’événement et, en ce sens, elle ne peut que le présenter pour la première fois. Une figure défaite ne l’est en effet qu’une seule fois pour l’œil comme une surprise ne surprend qu’au moment où elle est vécue. Une image défaite ne porte qu’une fois pour l’œil le geste de sa défiguration, c'est-à-dire au moment même où toute reconnaissance est par-là même empêchée. Si l’image défaite se représente à l’œil, il la considérera comme un tout, intégrant à son être le fait même de sa défiguration. Par la représentation, l’image cessera de lui signifier un avant et un après mais tendra progressivement à s’identifier s’assimiler à sa modification, à la cause de ce qui l’affecte. Le défiguré re-présenté est déjà une figure. Ainsi la défiguration ne serait-elle pas une renonciation ontologique à l’image et son figuré mais un mode de production différent du figuré sous une autre forme. Pour autant, cette reconstruction fondamentale du sens qu’opère la défiguration, si elle revêt une certaine positivité dans l’art, se confond souvent avec la trahison, le scandale de la trahison. En effet, la défiguration ne précipite pas la figure d’une image dans le néant. C'est-à-dire que dans la forme, elle n’est pas pure négativité de l’image car un substrat visible demeure pour l’œil (même l’affreux ou le monstrueux se regarde). Cependant, la défiguration creuse l’imperfection de la figure considérée du point de vue de son modèle, et, de fait, la trahit. Cela tient au fait que la défiguration n’a pas vocation à être mimétique alors que cette mimesis constitue la visée même de l’image figurative. Avec la défiguration, il n’y a pas de préexistence réelle ou ontologique de l’image défigurée, seule préexistent le modèle dans son concept que celui-ci soit instruit par l’idée ou la réalité. C’est ainsi que pour l’homme le défiguré est traduit par son image et la trahison flagrante qu’elle opère quant à son modèle. A titre d’exemple, la théologie augustinienne nous fait voir en quoi la défiguration, en tant que trahison de l’image originelle, se lie au scandale du péché. Dans la Genèse grecque des Septante, il est écrit que Dieu à crée l’homme à son icône (eikon = image en grec). Bien évidemment, l'icône ne désigne ici en rien une quelconque ressemblance d'aspect - comment l'homme visible ressemblerait-il à un « aspect invisible » ? - mais plutôt la relation de procession et d'humilité entre le créé et son créateur. Du coup, pourquoi cette ressemblance du créé avec le créateur a-t-elle été « flétrie, brisée, obscurcie », comme le disent, depuis saint Augustin, tous les théologiens ? Parce que l'incitation diabolique au péché touchait l'anthropologie même de l'image : elle ne fut rien d'autre qu'une incitation à la « ressemblance d'égalité », de telle sorte que le créé voulut, follement, croire égaler son créateur ; elle fut donc une ressemblance de rivalité, une pratique perverse de l'imitation - une pratique idolâtre de la ressemblance. De là à ce que l’image imparfaite n’en vienne à trahir le modèle créateur, il n’y a qu’un pas. Ce détour par la théologie augustinienne nous permet de comprendre que l’image défigurée est susceptible de se placer dans une relation de concurrence avec son modèle et que cette concurrence se traduit souvent par la trahison de la figure par la défigure. Plus généralement, on constate que la défiguration d’un corps ou d’un visage donne souvent à celui qui en souffre l’impression d’être trahi par une apparence dans laquelle il ne se reconnaît plus. La plupart du temps, on s’aperçoit que la défiguration est tout simplement ressentie comme la perte irréversible de la reconnaissance par laquelle se forme et se construit l’identité. C’est ainsi que, devenu méconnaissable (mais pas inconnu), on entend un défiguré de guerre dire à propos de visage : « Ce n’est pas mon visage, mon vrai visage est perdu. » La perte des traits caractéristiques d’un visage est vécue comme la perte irréversible d’un membre ou d’un organe. De ce point de vue, la défiguration à quelque chose à voir avec l’amputation : la personne, à travers l’état de son corps, se trouve d’un coup privée d’une fonction. Si la jambe permettait de marcher ou la main de saisir, c’était bien la reconnaissance de la personne que permettait le visage. Et d’un coup, le visage se trouve dans l’incapacité de retrouver cette fonction car défiguré, son expression s’est désolidarisée de la personne pour ne devenir qu’une figure défaite et absurde. En outre, de même que l’amputation, la défiguration s’inscrit dans un processus de dénaturalisation. Jean Damascène, dans Le Visage de l’invisible, nous rappelle que l’homme doit exister selon sa nature puis dans une relation d’imitation avec cette nature. Or, encore une fois, la défiguration s’effectue en dépit de la nature ou de l’ordre naturel et rend à jamais impossible la relation mimétique qui unirait, pour les mieux les identifier, le sujet à son modèle. En cela, la défiguration est une rupture radicale entre l’idée et la chose, le représenté et le représentant. La « défigure » - ou la figure défaite – corrompt la nature, affecte la cohérence d’un tout, brise l’unité de la figure. Dans la relation qui unissait la figure à son modèle, l’acte de défiguration apparaît comme un acte de trahison puisqu’il défait l’image de son sens et ruine le témoignage d’une essence qu’elle était censée apporter. Cela est juste si l’on considère l’image ou la figure d’une image comme nécessairement vraie et juste. L’image vraie et juste transmet une vérité et un savoir, mais l’image fausse et injuste ne transmet que le mensonge et le travestissement de la réalité. Aussi, si défigurer l’image de la vérité et du juste ouvre la voie de l’amoralité au « défigurant », quid de la défiguration d’une image faussée et mensongère ? Tromper de manière patente une tromperie latente, n’est-ce pas rétablir, en un sens, a figure du juste ? Essayons désormais de voir en quelles circonstances la défiguration peut-elle se justifier comme résistance à l’image. L’image, tout comme la figure qui structure cette image, n’est pas nécessairement l’image de la vérité. En réalité, elle est bien moins apte à représenter la vérité qu’à montrer le réel. Cela vient du fait que le réel lui-même n’est pas image de la vérité. En effet, le réel n’est souvent que l’intrication de jeux de faux-semblants composés d’images de l’irréalité. Autrement dit, dans la plupart des cas, le réel est déjà image du défiguré car le lien entre l’être et l’apparaître est déjà distendu, voire rompu. Dans le meilleur des cas, l’image est image de l’être. Sa figure est pure et communique d’elle-même une vérité profonde. Vient ensuite le cas ou l’image cherche à représenter l’être sans le pouvoir. C’est le cas lorsqu’on cherche à représenter Dieu, conçu comme deus absconditus. Ici, l’apparaître peut se mettre au service de l’être en tant qu’unique voie d’accès susceptible d’élever vers lui. La fonction de l’apparaître est ici positive car l’apparaître vaut comme infusion de l’être idéel dans le réel. Un autre cas est celui où l’image ne prétend pas représenter l’être mais choisit délibérément de représenter un non-être irréel. Cette image n’est ni vraie ni fausse puisque purement imaginative et, en cela autonome et assumée comme telle. Enfin, vient le cas où l’image de l’apparaître prétend se substituer à l’être lui-même. Sous ce type d’images se retrouvent les apparences trompeuses, les faux-semblants et le mensonge. Car cette image, bien qu’elle puisse correspondre à un état de fait réel, ne montre pas la vérité et surtout n’est pas utilisée à cette fin. C’est le cas des images de propagandes, de la publicité de masse, de la télévision… Bref, c’est le cas de tout vecteur potentiel d’opinions. Le réel est donc plein de la violence de ces images négatives et on aurait tort de n’imputer cette dernière qu’à l’acte même de la défiguration puisque le réel est déjà une altération par rapport à l’idée même de ce réel. Ce que suggère nombre d’écriture modernes, c’est que la défiguration est aussi une force de création qui bouleverse les formes stratifiées du sens et les réanime. En ce sens, la défiguration est une pratique de l’étonnement. Elle défait les figures convenues de ce qui est autre et interroge cet autre, l’invente à nouveau et le réinvente à l’infini. D’une certaine manière, la défiguration peut se penser comme un acte libre de dé-création mais aussi de création en ce qu’il permet à une figure de ne pas se conformer à un modèle. Ainsi, la défiguration offre-t-elle la possibilité de rompre le rapport narcissique que nous entretenons avec nous-mêmes et qui nous contraint à être conforme à l’image irréelle que nous nous faisons de nous et que nous recherchons continuellement dans le regard de l’autre. De ce point de vue, la défiguration est une figure libre, à la fois ouverte sur autrui et notre être profond. C’est la conséquence logique à cette déconstruction du narcissisme qu’elle opère. Il est indéniable qu’un trait saillant de nos sociétés contemporaines est de produire et maintenir une « normopathie » sociale, psychique et intellectuelle (l’expression est de Samuel Beckett). Dans une société démocratique comme la notre, l’image est grégaire par vocation. Dans bien des cas c’est sur elle que repose les conditions du vivre-ensemble et c’est autour d’elle que son construit l’apparence d’un vivre-ensemble. L’image privilégie les effets de groupe, de ressemblance (être comme l’autre), de conformisme. L’image vaut plus que jamais comme figure de l’appartenance, comme référent identitaire. Ainsi, dans cette « normopathie » contemporaine, ce cache-misère d’une inavouable dépression, face à ce narcissisme grégaire socialement gratifié où chacun se reconnaît dans le regard admiratif qu’un autre semblable lui jette pour qu’il le lui renvoie, la défiguration s’impose comme un acte de subversion face au leurre d’une société qui revendique la forme coagulée de ces figures et de son lien. De fait, la défiguration doit se comprendre comme la possibilité d’inventer des formes vivantes de résistance à l’image, comme la possibilité de se déprendre des formes pétrifiées et illusoires de l’identitaire. E montrant la fragilité de l’image, la défiguration montre la difficulté qu’il y a à retrouver le sens des choses et la vérité. En déconstruisant l’image fausse, la défiguration met aussi fin à un aveuglement, elle sort l’esprit de sa torpeur, produit l’étonnement philosophique et, de cette manière, invite à repenser les figures du sens et de la vérité, invite à une interrogation perpétuelle du réel. Par-là, la défiguration est aussi une remise en question inlassable des formes et des catégories de l’interprétation. s formes pétrifiées et illusoires de l’identitaire. E montrant la fragilité de l’image, la défiguration montre la difficulté qu’il y a à retrouver le sens des choses et la vérité. En déconstruisant l’image fausse, la défiguration met aussi fin à un aveuglement, elle sort l’esprit de sa torpeur, produit l’étonnement philosophique et, de cette manière, invite à repenser les figures du sens et de la vérité, invite à une interrogation perpétuelle du réel. Par-là, la défiguration est aussi une remise en question inlassable des formes et des catégories de l’interprétation.

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